Réseau Blaireau
En 2002, le GEPMA crée un groupe de travail spécifique : « le réseau Blaireau ».
Cette mobilisation, à l’initiative de Christian BRAUN (Directeur de la LPO Alsace, à l’époque vice-président du GEPMA, actuellement administrateur), faisait suite aux inquiétudes vécues sur le terrain par certains observateurs :
- destructions par piégeage.
- dérangements et destructions volontaires de nombreux complexes.
- pression des milieux cynégétiques pour revenir sur le statut juridique du blaireau et obtenir qu’il soit classé dans la liste des espèces nuisibles.
En 2003, le groupe de travail a lancé une enquête régionale basée sur le recensement et le suivi à long terme des terriers de Blaireau. En effet, ce mustélidé est difficilement observable et la principale méthode pour étudier l’espèce consiste à suivre ses terriers. L’objectif de ce suivi est notamment de faire progresser la connaissance de l’espèce dans les départements alsaciens et de connaitre la situation de la population.
La première année, une cinquantaine de bénévoles naturalistes ont répondu à l’appel du GEPMA et ont fait remonter près de 200 données concernant le Blaireau. En 2018, environ une centaine de bénévoles se sont investis et pas loin de 800 données ont été recueillies, portant ainsi le nombre de terriers actuellement connus en Alsace à 1500.
A quoi servent les données recueillies ?
Connaissance de l’espèce
Le Blaireau, en raison de sa biologie, est une espèce difficile à observer. Par conséquent, peu d’éléments sur l’état de santé et la dynamique de ses populations en Alsace sont connus. S’il est vrai que ses effectifs ont augmenté depuis l’interdiction du gazage des terriers en 1988, de nombreux indicateurs tendaient à prouver qu’au moins localement le Blaireau était en régression depuis quelques années. En effet, la route, la destruction des habitats et des terriers, les actes de malveillance par piégeage notamment, peuvent localement malmener voire réduire à néant des populations.
L’enquête permet donc d’améliorer nos connaissances sur l’espèce et nous donne une vision de l’état des populations et ce au niveau de chaque entité géographique composant l’Alsace.
Une première victoireGrâce aux résultats obtenus lors de la première année de suivi, le Blaireau a été retiré de la liste des « espèces chassables » en 2004, dans le département du Bas-Rhin ! Il s’agit d’une première à l’échelle nationale ! Rappelons que sur le reste du territoire français (dont le Haut-Rhin) le Blaireau est chassable. Cependant, le GEPMA doit rester très vigilant et continuer à accumuler des informations scientifiques sur le Blaireau afin qu’il reste loin de la liste…
Estimation de la population alsacienne
Aucun recensement exhaustif de Blaireaux eurasiens n’ayant été mené en Alsace à ce jour, Christian BRAUN a établi une première approche visant à estimer la population dans la région. Cette étude s’appuie sur les résultats obtenus grâce au ‘réseau Blaireau’ et se base sur un inventaire exhaustif des terriers principaux (TP) au niveau de six surfaces-échantillon sélectionnées parmi six unités écopaysagères distinctes. Au total, 412 km2 (5% du territoire alsacien, voir la carte ci-contre) ont faits l’objet d’un suivi entre 2006 et 2010 (prospection pédestre de l’intégralité des milieux pouvant potentiellement accueillir un terrier + enquête auprès des chasseurs, forestiers, naturalistes). Pour chaque zone d’étude, le nombre de TP a été déterminé, ce qui a permis d’obtenir par extrapolation un nombre de TP à l’échelle de l’unité paysagère, puis à l’échelle régionale. Les résultats obtenus sont les suivants :
- Kochersberg (collines loessiques cultivées) : 26,88 % de l’unité prospectés ; 33 TP estimés à l’échelle de l’unité.
- Collines sous-vosgiennes (collines calcaires) : 2 % de l’unité prospectés ; 833 TP estimés à l’échelle de l’unité.
- Plaine cultivée : 6 % de l’unité prospectés ; 98 TP estimés à l’échelle de l’unité.
- Ried Centre Alsace (prairies humides) : 27,22 % du l’unité prospectés ; 110 TP estimés à l’échelle de l’unité.
- Hautes Vosges (massif montagneux) : 5,26 % de l’unité prospectés ; 228 TP estimés à l’échelle de l’unité.
- Sundgau (plateau loessique) : 4 % de l’unité prospectés ; 317 TP estimés à l’échelle de l’unité.
Ainsi, en Alsace, il y aurait 2666 TP. En retenant une moyenne de 3,5 individus par TP (moyenne fournie par la littérature), on obtient le chiffre de 9331 Blaireaux. La fourchette retenue est de 10 000 à 12 000 individus pour la population en Alsace.
Il s’agit ici d’une étude préliminaire et il est envisagé d’échantillonner les 15 unités écopaysagères de l’Alsace pour avoir une estimation plus précise.
35ème colloque francophone de mammalogie – Arles – 20 et 21 octobre 2012
Le thème principalement abordé lors de ce colloque était ‘l’étude et la protection des mammifères des milieux aquatiques’. Cependant, une partie du colloque était consacrée à des thèmes libres concernant les mammifères sauvages et le GEPMA a choisi de présenter cette étude à travers un poster scientifique. Ainsi, les principaux résultats concernant ‘l’estimation de la population de Blaireaux d’Eurasie en Alsace’ ont été présentés à plus de 300 participants lors des pauses café-nature réparties sur toute la durée du colloque. Cela a été l’occasion d’échanger de manière conviviale avec d’autres experts et groupes mammalogiques des différentes régions françaises. A noter qu’un autre poster ayant pour sujet le Blaireau eurasien a été proposé par le Groupe Mammalogique d’Auvergne qui a travaillé sur la « densité et la répartition des terriers dans un paysage rural du Massif Central ».Poster scientifique : Estimation de la population de Blaireaux en Alsace (PDF)
Sensibilisation
Les Bilans de l’Enquête Blaireau
Les bilans annuels du suivi des terriers de blaireau est rédiger chaque année et nous permets de suivre la population alsacienne, et de faire bien-sûr un retour sur tout le travail accomplit par nos bénévoles!
Bonne lecture !
En quoi consiste le suivi ?
Lorsqu’un nouveau terrier est découvert, l’observateur renseigne tout d’abord une fiche de description comprenant diverses informations : coordonnées géographiques, description du milieu (végétation, pente, type de sol…), historique du terrier (terrier connu depuis x années), taille (nombre de gueules…).
Une fois cette fiche remplie, il faut réaliser le contrôle régulier du site. Pour ce faire, l’observateur doit visiter chaque terrier une voire deux fois par an, au printemps et/ou à l’automne, périodes où l’activité est la plus importante. Lors de ces passages, l’observateur s’attache à noter l’ensemble des critères qui permettent de s’assurer de la présence ou non du blaireau (signe d’activité, présence de gouttières, de latrines, de poils, d’empreintes, observations directes d’animaux mort/vivant…). Il est également indispensable de relever toute trace de dérangements du site (anthropiques ou naturels) et les éventuels dégâts provoqués par le Blaireau. L’ensemble des critères est réuni dans une fiche de suivi.
Toutes les fiches sont ensuite envoyées au GEPMA (par voie postale ou par mail), qui va alors enregistrer les informations dans sa base de données puis les analyser.
Télécharger la fiche de description au format PDF
Télécharger la fiche de suivi au format PDF
Pour participer
Vous souhaitez vous investir en faveur du blaireau en Alsace ? Rien de plus simple !
Envoyez-nous un courriel : contact@gepma.org en nous précisant votre commune mais aussi les secteurs où vous pouvez vous rendre facilement. Nous vous enverrons par la suite la liste des terriers sans observateur à proximité. Vous n’aurez plus qu’à choisir.
NB : si vous avez découvert un site mais que vous ne souhaitez pas le suivre, merci de renseigner une fiche descriptive puis de nous la renvoyer pour que nous puissions ensuite trouver un observateur.